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Publié le 29 janvier 2025

Qualification pénale des relations sexuelles entre un majeur et un mineur

David BACHALARD

David BACHALARD - Avocat au Barreau de Paris

Qualification pénale des relations sexuelles entre un majeur et un mineur
La loi du 21 avril 2021 a marqué une avancée majeure dans la lutte contre les violences sexuelles envers les mineurs. Elle a établi un cadre juridique renforcé, fixé des seuils clairs de non-consentement, introduit de nouvelles infractions.

La qualification juridique d'une relation sexuelle entre une personne majeure et un mineur repose sur plusieurs critères essentiels, notamment l'âge du mineur, l'écart d'âge entre les parties, le consentement du mineur et la nature du lien existant entre eux (autorité, lien de subordination, etc.).

Voici les points fondamentaux à considérer :

1. Relations sexuelles avec un mineur de moins de 15 ans

Absence de consentement présumée :

Toute relation sexuelle impliquant un majeur et un mineur de moins de 15 ans est systématiquement considérée comme une agression sexuelle ou un viol.

Il n'est pas nécessaire d'apporter la preuve d'une contrainte, d'une menace ou d'une violence: la loi présume l'absence de consentement du mineur.

Qualification des infractions :

  • Lorsqu'un acte de pénétration est commis, il est qualifié de viol (article 222-23-1 du Code pénal).
  • En l'absence de pénétration, il s'agit d'une agression sexuelle (article 222-22-1 du Code pénal).

Exception en cas d'écart d'âge réduit :

Une relation consentie entre un mineur de moins de 15 ans et un jeune majeur dont l'âge ne dépasse pas de cinq ans celui du mineur n'est pas incriminée, sauf en cas d'inceste ou d'exploitation du mineur.

2. Relations sexuelles avec un mineur de 15 à 18 ans

Atteinte sexuelle sans violence : Lorsqu'un mineur de 15 à 18 ans entretient une relation sexuelle avec un majeur, celle-ci peut être qualifiée d'atteinte sexuelle si l'adulte exerce une autorité sur le mineur ou abuse de sa position dominante (article 227-27 du Code pénal).

Prise en compte du consentement : Le consentement du mineur est reconnu, sauf si le majeur est une personne exerçant une autorité sur lui (parent, enseignant, responsable légal, etc.), auquel cas la relation devient illicite.

Cas de l'inceste : Toute relation sexuelle entre un mineur et un ascendant ou toute autre personne détenant une autorité au sein de la famille est qualifiée d'atteinte ou d'agression sexuelle incestueuse (articles 222-23-2 et 222-29-3 du Code pénal).

3. Circonstances aggravantes

Certaines situations aggravent la qualification de l'infraction, notamment lorsque :

  • L'auteur des faits est un ascendant ou détient une autorité sur le mineur.
  • Les actes sont commis en bande organisée ou en échange d'une contrepartie financière.

4. Sanctions pénales

Les peines encourues varient selon la gravité des faits :

  • Viol sur mineur de moins de 15 ans : 20 ans de réclusion criminelle.
  • Agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans : 7 ans d'emprisonnement et 100 000 € d'amende.
  • Atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans : 7 ans d'emprisonnement et 100 000 € d'amende.
  • Atteinte sexuelle sur mineur de 15 à 18 ans : 3 ans d'emprisonnement et 45 000 € d'amende.

5. Conclusion

La qualification pénale d'une relation entre un majeur et un mineur repose principalement sur l'âge du mineur, l'écart d'âge entre les partenaires et la nature de leur relation.

Toute relation sexuelle avec un mineur de moins de 15 ans est automatiquement sanctionnée par la loi, sans possibilité de prouver un consentement.

Pour les mineurs de 15 à 18 ans, la législation distingue les situations où une autorité ou un abus de pouvoir est exercé par le majeur, ce qui entraîne une infraction.

Ainsi, la protection des mineurs reste une priorité du droit pénal, avec des sanctions proportionnées à la gravité des faits.

David BACHALARD
À propos de l'auteur David BACHALARD

Titulaire d'un DEA de Droit pénal et politique criminelle en Europe obtenu à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, j'interviens en droit pénal et droit pénal des affaires. Je suis également responsable du Pôle Droit des personnes et de l'État civil au sein du cabinet.

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